La Plume : une Monnaie Locale Complémentaire et Citoyenne, un outil de développement territorial pour un Gers plus écologique et solidaire.

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La Plume parle aux Gersois·es

Bulletin moins 11 : bienvenue en mars 2022 !

Bulletin initialement paru dans le Journal du Gers.

Bonjour à tous les Gersois et toutes les Gersoises !

Vous vous souvenez de moi ? Je suis la Plume, votre future monnaie locale… Me voici de retour pour un deuxième bulletin mensuel.  N’oubliez pas : dans onze mois je prends mon envol !

Aujourd’hui, comme promis, je vous emmène dans le futur, et vous invite à passer un peu de temps dans ma vie de plume. Prêts ? Prêtes ? C’est parti !

Nous sommes en mars 2022 et j’ai pris mon envol…

Bon, il est vrai que ça commence par de l’attente : pour l’instant, je suis bien rangée dans les tiroirs d’un comptoir de change, et j’attends que l’un ou l’une de vous vienne me chercher. J’envie un peu mes consœurs déjà lancées dans le monde ! Mais dans ce demi-sommeil, je me prépare, telle la Belle au Bois dormant attendant son prince… quelle impatience !
Le comptoir de change ? Ah oui, il faut que je vous explique : c’est un prestataire, par exemple un commerce, qui a accepté de remplir cette fonction : fournir des plumes, en échange d’euros, aux personnes qui le désirent.
On dirait que je dors chez une personne très sympathique que nous appellerons Renée, et qui tient une épicerie… où l’on trouve des produits locaux bien sûr !

Ce mardi matin, Claude arrive chez Renée pour faire ses courses, choisit quelques produits dans l’épicerie et se rapproche de la caisse (je vois tout ça de l’intérieur de mon tiroir, oui oui, ça vous étonne, hein ! mais ce n’est pas le moindre de mes super pouvoirs, croyez-moi…). Claude remarque l’affichette qui indique « Comptoir de change : prenez la Plume ! ». Ce n’est pas la première fois que Claude entend parler de moi, mais jusqu’ici, c’est resté assez abstrait. Renée a perçu son regard intrigué, hésitant, et, avec son sens du commerce, elle lui tend la perche :
— Et avec ça, une enveloppe de plumes ?
— Euh… je ne sais pas… comment ça marche ?
— C’est très simple : si vous voulez 100 plumes, vous donnez 100 euros… et je vous donne une belle enveloppe pleine de magnifiques billets Plume.
— Et c’est tout ?
— C’est presque tout ! Si vous ne l’avez pas encore fait, il faut adhérer au réseau : il y a une petite cotisation qui contribue à couvrir les frais. Et ensuite, il suffira de consulter l’annuaire des prestataires, eux aussi adhérents au réseau, pour savoir où dépenser vos plumes ! Par exemple… ici !
— Donc… vous distribuez des plumes, mais vous en recevez aussi…
— Eh oui… la Plume, ça virevolte, ça va dans tous les sens !
— Mais… que deviennent les euros que vous recevez en échange des plumes ?
— Ils sont placés dans un fonds de garantie : ça, c’est la loi du 31 juillet 2014 ; et ce fonds est géré par une banque éthique. Vous savez, c’est très encadré tout ça !
Claude se décide, opte pour 100 plumes, « pour commencer », et là, je frémis, je trépigne : ça va être à moi !
Renée sort l’enveloppe où je fais semblant de dormir depuis le 22 février, Claude prend ses plumes, règle ses achats… et je décolle enfin hors du comptoir de change ! À moi le Gers, à moi le territoire, à moi les échanges équitables !


Mercredi matin, Claude va faire le marché. L’annuaire lui a permis de repérer quelques producteurs qui prennent les plumes. Les salades de Marcel, le maraîcher, lui font de l’œil… et Marcel a lui aussi mis en évidence son affichette : « Prestataire agréé : ici on prend la Plume ! ».
— Je peux vous payer en plumes alors ?
— Bien sûr !
— Alors… je vais aussi prendre cette belle botte de radis.
— Payer des radis en plumes, elle est pas belle la vie ?
— Ah bon ? vous trouvez ?
— Ben oui : des plumes, des radis, du blé, de l’oseille…
— Ah d’accord ! Excusez-moi, je n’avais pas compris le jeu de mots ! Oui, c’est vrai, vous avez raison ! Et d’ailleurs… vous en avez, de l’oseille ?
Marcel ne se vexe pas : même si les clients ne comprennent pas toujours ses blagues, lui, il s’amuse, après tout, c’est le principal ! Quant à moi, je découvre un peu plus les relations humaines : on dirait bien que l’humour y joue son rôle.  En tout cas je remarque que pour Claude, qui n’était pas très à l’aise avec ses plumes, les choses ont l’air plus simples maintenant : sa main plonge tout naturellement dans sa poche, me sort de son porte-monnaie, me tend à Marcel… et c’est ma première véritable transaction ! Je suis tout émue de changer de mains !
Marcel me range dans sa caisse où je retrouve quelques congénères… et de nouveau c’est l’attente d’un nouvel échange.

Ça tombe bien, Marcel a décidé d’emmener sa famille au restaurant – oui, parce que les restos ont rouvert, et ils ne désemplissent pas ! Ça fait du bien de se projeter dans le futur, non ? Grâce aux plumes encaissées sur les marchés, tout le monde peut se régaler. Marcel souhaite aussi connaître ce restaurant pour, pourquoi pas ? lui proposer sa production de légumes…

Sabine et Malika, les gérantes, acceptent avec plaisir son règlement, en plumes bien sûr… et me voici de nouveau dans de nouvelles mains ! Je les entends bavarder au-dessus de moi. On dirait un concours de remerciements : on a très bien mangé, c’était délicieux, merci, avec plaisir, merci de votre visite, etc… et voilà qu’ils prennent rendez-vous pour discuter affaires ! Je m’aperçois que non seulement l’humour, mais les compliments et les remerciements facilitent grandement les échanges entre les humains…

Me voici désormais dans la caisse du restaurant, et je continue à écouter Sabine et Malika qui discutent après le départ de leurs derniers clients :
— On commence à en avoir, des plumes ! Tu te souviens qu’on voulait rajeunir nos serviettes de table… Tu vois à quoi je pense ?
— Oui… je te vois penser et je te vois venir !
— Si on en profitait pour solliciter David ?
— Il prend les plumes, David ?
— Il suffit de lui demander…
Qui est David, je l’ignore encore. En tout cas, si je comprends bien, il exerce un métier en rapport avec les serviettes de table : peut-être est-ce la personne qui les tisse ? qui les coupe ? qui les coud ? qui les brode ? On verra bien. En attendant, j’écoute, depuis le tiroir où l’on m’a remisée, tous les joyeux bruits du rangement et du ménage…
David n’est pas encore prestataire de la Plume. Mais il se laisse facilement convaincre : la commande d’un restaurant, pour une petite entreprise comme la sienne, c’est toujours bon à prendre. Et c’est ainsi que quelques semaines plus tard, le temps d’honorer la commande, je pénètre dans son atelier. Ô merveille ! c’est plein d’étoffes, de douceur, de couleurs… là je suis dans mon élément !


Aujourd’hui nous recevons la visite de Pablo, chargé de mission de la Plume. Il vient voir si tout va bien, et notamment réfléchir avec David sur sa démarche de prestataire : par exemple, a-t-il trouvé des fournisseurs locaux, pour dépenser les plumes qu’il gagne ? David se prépare à cet entretien et s’aperçoit qu’il n’a rien à lui proposer à grignoter ! Vite, le voilà qui court acheter un paquet de gâteaux. Il ne m’oublie pas, car il a consulté l’annuaire et repéré un endroit qui accepte les plumes : il veut faire honneur à la mission de Pablo.

Mais… ça alors, je connais cet endroit… me voici revenue chez Renée !
Bon, c’est dommage, je n’assisterai pas au rendez-vous… Mais je suis contente de ce petit tour sur le territoire, j’ai appris plein de choses sur les relations humaines… et j’ai hâte de recommencer !

Et vous, avez-vous apprécié ce voyage dans le temps ? Serez-vous prêts et prêtes à me suivre, le 22 février 2022 ?
À très bientôt en tout cas : on se retrouve le 22 avril ! Et ce rendez-vous-là, je ne le manquerai pas, ma foi !

Plume pour vous tous,
Plume pour vous toutes !

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